Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/80

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Et il ajoute chaque fois :

― Eh ! eh ! on jurerait que Corneille a prévu les Prussiens.

Cependant, il ne faut pas désespérer. Tout n’est pas perdu. On vient d’afficher une proclamation de l’Impératrice :

« Vous me verrez la première au danger pour défendre le drapeau de la France. »

― Des phrases comme ça vous réconfortent, dit Mme  Pion. C’est capable de réchauffer les plus froids.

― Pour sûr, répond M. Legros qui s’éponge avec énergie.

Mon père lit le journal du jour.

« Les Prussiens sont à bout de souffle.

« La Prusse foule notre terre française. Songez-vous bien à cela ? Oui, n’est-ce pas ? ― Et vous avez compris ? Et au lieu de craindre quoi que ce soit, vous riez, vous haussez les épaules, et vous vous apprêtez aux voluptés du massacre ?

« Oui, n’est-ce pas ? vous allez venger les vieux de 1814, la France meurtrie et sanglante, laissée pour morte sous le talon des barbares ?

« Ce sera le dernier sang versé ! Soit ! Mais,