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Français. Voici, je crois, la meilleure définition qu’on en puisse donner : c’est une sale bête. Dans mon opinion, crier : Mort aux bourgeois ! c’est crier : Vive la France !

L’âme française est dans le peuple. Il faut qu’elle se délivre des liens qui l’entravent, qu’elle sache conquérir l’espace et la liberté qui sont nécessaires à son expansion. Et de la vie pleine qu’elle aura su se faire sortira l’expression vraie du goût, de l’esprit et de la moralité françaises, violemment dégagée des simulacres qui la défigurent et qui grimacent comme de hideux fétiches dont les contorsions immobiles ont remplacé le geste large de la divinité.



Quand on fut près de fusiller Babi le babouviste, et qu’on lui demanda s’il voulait avoir les yeux bandés, il répondit : « Non. La vie est assez laide pour qu’on la regarde bien en face une dernière fois. »


La seule chose que la bourgeoisie était capable de créer, qu’elle ait pu faire sortir de sa misérable conception de l’existence, c’est la laideur. Rien ne pèse d’un plus grand poids sur les libres élans de l’âme, ne les comprime mieux, que la laideur. C’est comme une lourde dalle enfermant à jamais l’Individu dans l’in-pace où l’ont conduit sa lâcheté, sa ridicule confiance, et l’y murant dans la nuit.

Gouvernants et gouvernés végètent lamentablement dans la laideur. Ils ne vivent point, naturellement. La laideur de l’existence de la bourgeoisie est doublée d’une saleté morale — hypocrisie, rapacité, mensonges, conventions de toutes sortes — qui l’exagère encore, mais qui la met en concordance exacte avec l’esprit bourgeois. Étant donnée l’âme bourgeoise, on ne conçoit pas pour elle une autre existence que celle qu’elle s’est créée. À cette âme-là, il faut cette vie-là. Le mouvement des vers,