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la liberté et de la moralité réelle. Sa suppression n’est peut-être pas une question de justice ; c’est une question de salubrité. Est-ce que l’intolérance ne revivra pas, à la fin des fins ? C’est le fanatisme de la liberté, seul, qui peut avoir raison du fanatisme de la servitude et de la superstition.

L’homme s’efforce de plus en plus de trouver pour sa vie une base rationnelle matérielle. Plus il développe sa conception d’une existence simplement établie sur des réalités, plus les abstractions et les dogmes de la religion perdent de leur consistance factice et s’évanouissent. « Dès que vous abolissez le surnaturel, » dit Guizot, « la religion disparaît ». En fait, la religion dépérit de plus en plus dans toutes les religions ; et même dans le « vieux divin calvinisme », comme disait Carlyle. Plus le caractère surnaturel des religions disparaît, plus s’élargit la conception que se fait l’homme d’une assise matérielle pour une existence heureuse et libre ; plus, aussi, cette notion se simplifie. Et en même temps, apparaît constamment davantage le fondement véritable des religions, surtout de la plus puissante, de la plus unifiée et de la mieux organisée d’entre elles : la religion catholique-romaine. Il devient évident que cette base, amenée à sa plus simple expression, est exclusivement matérielle. Et il se trouve que c’est la base même sur laquelle l’homme libéré doit fonder son existence. C’est la propriété de la terre. La base du pouvoir de Rome, c’est d’abord la possession de la terre ; ensuite, l’existence des édifices religieux qui la couvrent ; puis, la cohésion des innombrables associations, ordres monastiques, etc. qui travaillent par tous les moyens à la conquête du sol. Le Prêtre a besoin de la propriété individuelle de la terre, qui lui en garantit la tranquille jouissance et qui lui assure, dans l’égoïsme des privilégiés qui la possèdent en même temps que lui, un solide rempart contre les revendications des déshérités. L’Homme a besoin de supprimer la propriété individuelle du sol, de façon à pouvoir établir immédiatement, sur la terre enfin délivrée, toute la somme de liberté et d’égalité possible. La