à-dire à la tête de l’opposition républicaine. Mais, malgré le succès assuré qui couronnerait leurs tentatives, les prétendants persistent à ne pas bouger ; l’un ne cesse de parler, ni l’autre de se taire ; pourtant, en dépit des encouragements de leurs fidèles et des exhortations de leurs adhérents, ils ne se décident point à franchir la distance qui sépare de l’acte la parole ou le silence. C’est qu’ils sont convaincus, voyez-vous, qu’un changement de gouvernement en France signifie la guerre ; que la guerre signifie la défaite ; et la défaite, le démembrement. Voilà pourquoi, ainsi que je l’ai dit dans un livre consacré aux voleurs, tout le monde veut être de la cour, mais personne ne veut régner.
Les meneurs du chauvinisme, aussi, connaissent la situation réelle du pays. Ils savent qu’un nouveau conflit ne pourrait avoir qu’une seule issue. Leur outrecuidance, leurs insolentes bravades, leur forfanterie, cachent mal leurs convictions à ce sujet. Si Déroulède et son état-major de braillards avaient cru à la possibilité d’une revanche, ils ne se seraient point contentés des ridicules et stériles manifestations auxquelles ils se vouèrent. Ils auraient agi. Au lieu de déblatérer contre la pleutrerie du Pouvoir, à plat-ventre devant l’ennemi, ils lui auraient forcé la main, ils lui auraient mis une épée, de force, dans cette main. Au lieu d’aller parader, piaffer, déclamer et jacasser dans les rues de Paris, au lieu d’aller porter des couronnes à la statue de Jeanne d’Arc et des chapeaux à la statue de Strasbourg, ils auraient été renverser un des poteaux de la frontière de l’Est, ils auraient envoyé une balle à un gendarme prussien, ils auraient brisé les vitres de l’ambassade d’Allemagne. Ce n’était pas difficile ; et, cet acte simple accompli, ils avaient sûrement la guerre — qu’ils prétendent désirer. — Mais il ne la désirent pas. Ah ! non.
Ou bien, si je me trompe, si les ligueurs du patriotisme croient que la France peut se laver de sa défaite et triompher de son ennemie, ce sont de tristes sires, en vérité, de ne point l’avoir obligée à la lutte per fas et nefas. Ce sont de tristes sires de lui avoir permis, et même conseillé