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Les Brigands : C’est une action digne de Belzébuth ! Qu’on vienne nous dire que nous sommes des coquins ! Non, par tous les diables, nous n’en avons jamais tant fait !
Schiller.


Ce qui prouve l’existence d’une idée supérieure, ce n’est pas le stupide consensus omnium ; ce sont les actes de quelques-uns. Ce qui prouve l’existence de la patrie, ce ne sont pas les déclamations des pourfendeurs ataxiques qui se sont arrogé le droit de la représenter, ni les applaudissements de la cohue de janissaires gâteux qui leur fait escorte ; c’est la décision, qu’a prise un petit nombre d’hommes résolus, de contester aux Tranche-montagnes à galons le monopole du patriotisme et de nier que la patrie elle-même puisse être l’apanage d’une caste privilégiée.

Ce qu’est en réalité cette caste, des événements récents l’ont montré ; ils ont fait voir clairement quelle est sa valeur morale ; ils ont laissé deviner quelle peut être sa valeur effective. À vrai dire, ce n’est pas une caste ; c’est une troupe de bandits ; et de bandits — chose rare — sans aucun scrupule ; non seulement ils suppriment ceux qui leur font obstacle ou dont ils convoitent les dépouilles, mais ils se vendent, se livrent et s’égorgent entre eux sans la moindre hésitation. Je n’ai pas l’intention de raconter, une fois de plus, leurs exploits. Les infamies qui furent mises au jour n’ont surpris personne parmi les gens qui ont gardé la faculté d’observer et qui savent réfléchir ; ces gens-là sont même convaincus que les crimes exposés jusqu’ici sont, relativement, de fort petite taille et qu’ils ne doivent être considérés que comme des indications — comme l’avant-garde, ou plutôt la pointe d’avant-garde, d’une entière armée de scandales. — Je n’ai, pour mon compte, aucun doute à cet égard ; et j’expliquerai avant peu sur quoi je base mes pronostics.

Quant aux êtres qui ne savent ni observer ni réfléchir,