voudrait faire la guerre à la France ? Et ils s’en vont, souriant dans leur barbe.
Les Français insèrent dans leurs journaux la réponse des étrangers. « Voilà ce que c’est, disent-ils, que d’être prêts ; ne reculez devant aucun sacrifice pour la défense nationale, et tout le monde vous respecte ; personne n’ose vous attaquer. Mais si nous n’étions pas prêts… » Là-dessus, ils passent, sur le papier, la revue de leurs forces militaires et navales. Au sujet de ces dernières, M. Lockroy, ce ministre de la marine qui vous donne le mal de mer, vient leur annoncer que quelques mécomptes sont à craindre ; mais on l’envoie retrouver son zouave submersible, en bas ; on préfère écouter un entrepreneur de blindages qui affirme que la flotte française, à l’occasion, étonnera le monde. (L’étonnement du monde a été mis à la mode par Kruger). Oui, disent les Français, nous étonnerons le monde ; nous en étonnerons même plusieurs. Et ils exhalent leur haine des races germaniques, qu’ils haïssent parce qu’ils sentent qu’elles aiment la paix. Quant à ces Anglais dans l’Afrique du Sud, ça ne peut pas durer comme ça. « Mieux vaut ne plus garder de ménagements ! s’écrient les Français ; mieux vaut intervenir, envoyer des troupes de Madagascar, du Tonkin, de l’île des Ravageurs et de la caserne de Reuilly ; si nous trouvons seulement moyen de nous saisir de Durban, de Cape Town, et d’envoyer une escadre bloquer Kimberley, l’existence de la perfide Albion touche à sa fin. » Et ils parlent du jour du règlement des comptes, qui doit venir, fatalement.
Quand il viendra, ils seront là, comme d’habitude, pour recueillir le passif. Du reste, contents d’eux.