Page:Darmesteter - La chute du Christ, 1879.djvu/33

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tres appelaient Anammélek, et Eschmoun Cabire, qui sait les herbes de vie et de mort.

Et les dieux qu’adorait Annibal, Moloch qui avait des baisers de flamme pour les enfants de la Libye et qui, depuis deux mille ans affamé, ouvre sa gueule béante et ses bras vides en gémissant ;

Et près de lui, Tanit, Face de Baal, de qui l’aile planait sur Carthage, et qui, serrant l’enfant Ïulus contre son sein, s’essaie au sourire de Marie.

Et au lointain, sur un pic solitaire, derrière les Séraphins qui dardent la flamme, derrière les Chérubins barbus, dressant haut leur poitrail de taureau ;

Derrière des colonnes de nuées, traversées d’éclairs anguleux, roule en grondement d’Araphel le cri de Jahveh : Ani Adonaï[1] ;

Et devant cette voix du Chaos, au milieu des fils des Élohims, se balance le Premier-né des serpents, l’œil encore luisant du regret d’Ève, et mordant dans le vide un talon invisible.

Et à l’horizon, à perte de vue, les groupes

  1. « C’est moi qui suis le Seigneur. »