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PUISSANCE DIGESTIVE.

tes. Pendant ces six jours, de grosses gouttes de liquide peu visqueux pendaient sur les bords. J’essayai ce liquide tous les jours avec du papier de tournesol, mais il ne le colora jamais ; c’est là une circonstance que je ne peux comprendre, car le biphosphate de chaux est acide. Je suppose que l’acide de la sécrétion agissant sur le phosphate a dû former du biphosphate, et que ce biphosphate étant absorbé complètement tua les feuilles ; les grosses gouttes qui pendaient le long des bords étant tout simplement une sécrétion anormale. Quoi qu’il en soit, il est évident que le phosphate de chaux est un stimulant très-énergique. De très-petites doses sont même plus ou moins vénéneuses, et cela probablement en vertu du même principe qui veut que la viande crue et d’autres substances alimentaires données en excès amènent la mort des feuilles. Il suit de là qu’on peut, sans doute, conclure correctement que l’inflexion longtemps continuée des tentacules sur des fragments d’os, d’émail et de dentine provient de la présence du phosphate de chaux et non pas de la présence de matières animales.

Gélatine. — J’employai de la gélatine en feuilles minces qui m’a été donnée par le professeur Hoffmann : comme terme de comparaison, je plaçai sur de la mousse humide des morceaux ayant le même volume que ceux que j’ai placés sur les feuilles. Les morceaux placés sur la mousse se gonflèrent et gardèrent leurs angles pendant trois jours ; au bout de cinq jours ils formaient des masses molles arrondies, mais le huitième jour même on pouvait encore distinguer dans la masse des traces de gélatine. Je plongeai d’autres morceaux dans l’eau ; bien que très-gonflés, les angles de ces morceaux restèrent nets pendant six jours. Je plaçai sur deux feuilles des morceaux ayant 1/10e de pouce carré, ou 2,54 millimètres, qui avaient été humectés avec de l’eau ; au bout de deux ou trois jours, il ne res-