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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

tait sur les feuilles qu’un peu de liquide visqueux acide qui ne montra aucune tendance à se transformer de nouveau en gélatine, ce qui prouve que la sécrétion doit exercer sur la gélatine une action différente de celle de l’eau et probablement la même que celle qu’exerce le suc gastrique[1]. Je plongeai dans l’eau pendant trois jours des morceaux de gélatine ayant le même volume que les précédents, puis je les plaçai sur deux grandes feuilles ; au bout de deux jours, la gélatine s’était liquéfiée et était devenue acide, mais l’inflexion était peu considérable. Les feuilles commencèrent à se redresser au bout de quatre ou cinq jours ; beaucoup de liquide restait alors sur le disque, ce qui prouve qu’il y en avait eu fort peu d’absorbé. Dès qu’elle eut repris sa position naturelle une de ces feuilles captura une petite mouche, et, au bout de vingt-quatre heures, elle était complétement infléchie, ce qui prouve que les matières animales provenant d’un insecte exercent une action beaucoup plus énergique que la gélatine. Je plaçai ensuite sur trois feuilles des morceaux de gélatine beaucoup plus gros, qui avaient séjourné dans l’eau pendant cinq jours ; les feuilles ne s’infléchirent guère que vers le troisième jour et la gélatine ne fut complétement liquéfiée que le quatrième. L’une des feuilles commença à se redresser ce même jour ; la seconde le cinquième jour, et la troisième le sixième jour. Ces divers faits prouvent que la gélatine est loin d’exercer une action énergique sur le Drosera.

J’ai constaté, dans le chapitre précédent, qu’une solution de colle de poisson du commerce, aussi épaisse que l’est la crème, provoque une forte inflexion. Je désirai donc comparer son action avec celle de la gélatine pure. Je préparai des solutions contenant une partie de chacune de ces substances pour 218 parties d’eau, et je plaçai sur le limbe de huit feuilles des gouttes ayant un volume d’un

  1. Docteur Lauder Brunton, Handbook for the Phys. Laboratory, 1873, pp. 477, 487 ; Schiff, Leçons phys. de la digestion, 1867, p. 249.