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DIONÆA MUSCIPULA.


Figure 12.
Dionæa muscipula.
Feuille étendue, vue de côté.
elle appartient à la petite famille des Droséracées et se trouve seulement dans la partie orientale de la Caroline du Nord ; elle se plaît dans les endroits marécageux. Les racines sont petites ; celles d’un plant assez beau que j’ai eu entre les mains consistaient en deux radicelles ayant environ un pouce de longueur (2,54 centim.) partant d’une sorte de bulbe. Ces racines servent probablement, comme chez le Drosera, uniquement à l’absorption de l’eau ; en effet, un jardinier qui a obtenu


    est certain néanmoins que la plante ne sait pas distinguer une substance animale d’une substance minérale ou végétale ; car si l’on introduit une épingle ou une paille entre les deux lobes, ils se referment comme si c’était un insecte. »
    Linnée n’admettait pas, comme le soupçonnait Ellis, que la Dionée fût réellement insectivore ; il croyait qu’elle lâchait l’insecte dès qu’il ne remuait plus (Mantissa altera, 1771, p. 238). Pour lui ces phénomènes étaient analogues à ceux de la sensitive, la capture de l’insecte n’était qu’un effet accidentel et il n’ajoutait pas foi à l’assassinat du prisonnier par les épines du limbe de la feuille.
    Notre grand philosophe Diderot, le promoteur et le principal collaborateur de l’Encyclopédie, entendit probablement parler des phénomènes de la Dionæa à cette époque ; il en fut frappé, prévit leurs conséquences, et c’est lui qui le premier parla de plantes carnivores, expression qui devait rencontrer tant d’incrédulité et susciter tant de colère chez ceux qui de nos jours encore opposent des passages de la Bible, où il est dit que les végétaux ont été créés pour nourrir les animaux, à l’observation et à l’expérience démontrant que cette loi générale n’est pas sans exceptions. Le nom de celui qui le premier prononça ces paroles prophétiques ne peut qu’ajouter à l’irritation des adversaires de la nutrition directe de certaines plantes se nourrissant de petits animaux capturés, tués et absorbés par elles. Le passage de Diderot est fort clair ; il se trouve dans une collec-