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RACES GALLINES.

Cochinchinois, qui, grâce à leurs ailes courtes et leur corps pesant, peuvent à peine atteindre un perchoir placé très-bas. On devait donc, chez, ces races, et surtout chez les deux premières, s’attendre à trouver une diminution notable des os des ailes, ce qui n’est cependant pas le cas. Après avoir, sur chaque oiseau, désarticulé et nettoyé les os, j’ai comparé entre elles les longueurs relatives des deux os principaux de l’aile, et celles des os des jambes, puis aux mêmes parties du G. Bankiva ; et, à l’exception des tarses, j’ai trouvé exactement les mêmes proportions relatives. Le fait est curieux en ce qu’il montre, combien les proportions d’un organe peuvent se conserver par hérédité, quoique non exercé pendant une longue série de générations. Ayant ensuite comparé les longueurs du fémur et du tibia, avec celles de l’humérus et du cubitus, puis ces os avec les correspondants du G. Bankiva, je trouvai comme résultat que, dans toutes les races (la Sauteuse de Burmah, dont les pattes sont monstrueusement courtes, exceptée), les os de l’aile étaient un peu raccourcis relativement aux os de la jambe ; mais cette diminution était si faible que, comme il est possible qu’elle fût due à ce que l’exemplaire de G. Bankiva qui m’a servi de terme de comparaison, ait pu peut-être avoir les ailes un peu plus longues qu’à l’ordinaire, je crois inutile de donner les résultats des mesures. Mais je dois faire remarquer que les races Soyeuse et Frisée, auxquelles tout vol est impossible, sont de toutes celles chez lesquelles la réduction des ailes relativement aux jambes était la moindre. Dans les pigeons domestiques, nous avons vu que les os de l’aile sont un peu diminués quant à la longueur, tandis que les rémiges primaires ont augmenté suivant cette dimension, et il serait possible, quoique peu probable, que chez les deux races Soyeuse et Frisée, la tendance au décroissement de longueur des os de l’aile, résultat du défaut d’usage, ait pu, en vertu de la loi de compensation, être contrebalancée par la diminution des rémiges. Dans ces deux races, les os de l’aile se trouvent cependant un peu réduits en longueur, lorsqu’on les mesure en prenant pour termes de comparaison les longueurs du sternum ou de la tête, relativement aux mêmes parties du G. Bankiva.

La table suivante donne dans les deux premières colonnes, les poids des os principaux de l’aile et de la jambe dans douze races. La troisième colonne renferme les rapports calculés des poids des os de l’aile à ceux de la jambe, comparés à ceux du G. Bankiva, dont le poids est représenté par cent[1].

  1. Voici comment j’ai établi le calcul pour les chiffres de la troisième colonne. Dans le G. Bankiva, les os de la jambe sont à ceux de l’aile comme 86 : 51 ; ou comme (négligeant les décimales) 100 : 62 ; — dans les Cochinchinois, comme 311 : 162 ; ou comme 100 : 52. — Dans les Dorkings, comme 557 : 248 ; ou comme 100 : 44 ; et ainsi de suite pour les autres races. Nous avons ainsi la série de 62, 52, 44, pour les poids relatifs des os de l’aile des G. Bankiva, Cochinchinois, Dorkings, etc. Maintenant, en prenant 100 au lieu de 62, pour le poids des os de l’aile du G. Bankiva, une règle de trois nous donne 83 comme poids de ceux des Cochinchinois ; 70 pour les Dorkings, et ainsi de suite pour le reste de la troisième colonne.