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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/387

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POMMIERS.

server quelques semaines ou deux ans. Dans quelques sortes, le fruit est couvert d’une sécrétion pulvérulente, ou fleur, comme celle des prunes, et il est remarquable que cette particularité caractérise surtout les variétés cultivées en Russie[1]. Une autre pomme russe, l’Astracan blanche, a la propriété singulière, lorsqu’elle est mûre, de devenir transparente. L’Api étoilé a cinq côtes saillantes auxquelles il doit son nom ; l’api noir est presque noir ; le Twin Cluster Pippin porte souvent des fruits réunis par paires[2]. Les différentes variétés diffèrent beaucoup quant à l’époque où elles poussent leurs feuilles et fleurs ; j’ai eu dans mon jardin un Court-pendu plat qui se feuillait si tardivement, que pendant plusieurs printemps je l’ai cru mort. Le pommier « Tiffin » n’a presque pas une feuille lorsqu’il est en pleine floraison ; le pommier de Cornouailles par contre est à ce moment si couvert de feuilles, qu’on en voit à peine les fleurs[3]. Quelques pommiers mûrissent au milieu de l’été, d’autres tard en automne. Ces différences dans les époques de feuillaison, floraison et maturation des fruits ne sont pas nécessairement en corrélation entre elles, car, comme A. Knight le fait remarquer[4], on ne peut nullement, par la floraison précoce d’un jeune pommier levé de graine, ou par la chute hâtive ou le changement de couleur de ses feuilles, préjuger l’époque de la maturation de ses fruits.

La constitution des variétés diffère considérablement ; il est notoire que pour la reinette Newtown[5], la merveille des vergers de New-York, les étés ne sont pas assez chauds en Angleterre ; il en est de même de plusieurs variétés importées du continent. D’autre part, notre « Court of Wick » réussit bien sous le climat rigoureux du Canada. La Calville rouge de Micoud donne parfois deux récoltes dans l’année. La variété « Burr Knot » est couverte de petites excroissances qui poussent si facilement des racines, qu’une branche à bourgeons floraux plantée, prend racine et donne quelques fruits dès la première année[6]. M. Rivers[7] a récemment décrit quelques plantes levées de graine, avantageuses parce que leurs racines couraient sous terre près de la surface. L’une d’elles était remarquable par sa petite taille, car elle ne formait qu’un buisson haut de quelques pouces seulement. Quelques variétés sont particulièrement sujettes à être rongées des vers dans certains sols. La variété « Majetin » d’hiver présente la particularité constitutionnelle remarquable de n’être pas attaquée par le coccus ; Lindley[8] assure que dans un verger de Norfolk infesté de ces insectes, le Majetin était resté intact, bien que greffé sur une souche

  1. Loudon, Gardener’s Mag., vol. VI, p. 83, 1830.
  2. Cat. of Fruit, etc., 1842, et Downing, O. C..
  3. Loudon, O. C., vol. IV, 1828, p. 112.
  4. The Culture of the Apple, p. 43. — Van Mons a fait la même observation sur le poirier, Arbres fruitiers, t. II, p. 414, 1836.
  5. Lindley, Horticulture, p. 116. — Knight, Trans. of Hort. Soc., vol. VI, p. 229.
  6. Transact. of Hort. Soc., vol. I, p. 120, 1812.
  7. Journal of Horticulture, 1866, p. 194.
  8. Trans. of Hort. Soc., vol. IV, p. 68, et vol. VI, p. 547. Lorsque le coccus parut pour la première fois, il est dit (vol. II, p. 163) qu’il nuisait plus aux souches du pommier sauvage qu’aux plantes qu’on greffait sur elles.