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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/437

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ACTION DE L’ÉLÉMENT MÂLE.

à revenir complètement ou partiellement aux formes qui lui ont donné naissance, nous l’avons également retrouvée chez des hybrides incontestablement provenus de graine. En somme, je suis disposé à accepter les affirmations de M. Adam, et si on venait à en démontrer la vérité, on aurait à étendre la même explication aux oranges Bizarria et Trifaciales, ainsi qu’aux pommes que nous avons décrites ; mais avant qu’on puisse admettre complétement la possibilité de la production de métis par greffe, des preuves plus décisives sont nécessaires. Pour qu’il soit actuellement possible d’arriver à une conclusion certaine sur l’origine de ces arbres remarquables, les divers faits dont nous avons eu à nous occuper me paraissent, à plusieurs points de vue, dignes d’attention, surtout en tant que montrant que la propriété du retour au type, ou la réversion, est inhérente aux bourgeons.

De l’action directe et immédiate de l’élément mâle sur la forme maternelle. — Nous avons maintenant à examiner une autre catégorie de faits remarquables, et qui doivent prendre place ici, parce qu’on les a invoqués pour expliquer quelques cas de variations par bourgeons ; je veux parler de l’action directe que peut exercer l’élément mâle, non sur les ovules, mais sur certaines parties de la plante femelle, ou dans le cas des animaux, sur la progéniture ultérieure de la femelle fécondée par un second mâle. Je peux rappeler que chez les plantes, l’ovaire et les enveloppes des ovules sont évidemment des parties de la femelle, et on ne pouvait prévoir qu’elles dussent être affectées par le pollen d’une variété ou d’une espèce étrangère, bien que le développement de l’embryon dans son sac embryonnaire, dans l’ovule, et dans l’ovaire dépendent incontestablement de l’élément mâle.


Déjà, en 1729, on avait observé[1] que les variétés blanches et bleues du Pois se croisaient mutuellement, lorsqu’elles se trouvaient rapprochées l’une de l’autre (et cela sans doute par l’intermédiaire des abeilles), de sorte qu’en automne on trouvait dans les mêmes cosses des pois bleus et des blancs. La même observation a été faite dans ce siècle par Wiegmann, et le même résultat a été fréquemment obtenu lorsqu’on a tenté des croisements entre des variétés de pois de couleurs différentes[2]. Ces données

  1. Philosophical Transact., vol. XLIII, 1744–45, p. 525.
  2. Mr Swayne, Trans. Hort. Soc., vol. v, p. 234. — Gärtner O. C., 1849, p. 81 et 499.