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CHATS DOMESTIQUES.

En résumé, de ce que plusieurs races ont été sensiblement modifiées dans le court espace de un ou deux siècles, par la sélection des meilleurs individus, aidée dans bien des cas par le croisement avec d’autres races ; et de ce que, comme nous le verrons plus tard, l’élève du chien a été pratiquée très-anciennement ainsi qu’elle l’est encore par les sauvages, nous pouvons donc conclure que la sélection, même appliquée occasionnellement, nous offre un puissant moyen de modification.

CHATS DOMESTIQUES.

Le chat a été domestiqué déjà fort anciennement en Orient ; M. Blyth m’apprend qu’il en est fait mention dans un écrit sanscrit datant de deux mille ans ; les figures des monuments et les momies nous montrent que leur antiquité en Égypte est encore plus grande. Ces momies, étudiées particulièrement par de Blainville[1], appartiennent à trois espèces, les F. caligulata, bubastes et chaus. Il paraît qu’on trouve encore dans certaines parties de l’Égypte, les deux premières, tant à l’état domestique que sauvage. Comparé à nos chats domestiques d’Europe, le F. caligulata présente, dans sa première molaire inférieure de lait, une différence d’après laquelle de Blainville conclut qu’il ne doit pas être l’ancêtre de nos chats. Plusieurs naturalistes, Pallas, Temminck, Blyth, croient à la provenance des chats domestiques de plusieurs espèces mélangées : il est certain que les chats se croisent volontiers avec diverses espèces sauvages, et il est possible que dans quelques cas, les caractères des races domestiques aient été ainsi affectés par des croisements de ce genre. Sir W. Jardine, ne doute pas que, dans le nord de l’Écosse, il ne se soit fait parfois des croisements avec une espèce indigène (F. sylvestris), et dont les produits ont été élevés dans les maisons. Il ajoute avoir vu beaucoup de chats ressemblant de très-près au chat sauvage, et un ou deux qu’on pouvait à peine en distinguer.

  1. De Blainville, Ostéographie. — Felis, p. 65, sur les caractères du F. caligulata, et p. 85, 89, 90, 175, sur les autres espèces momifiées. Il cite Ehrenberg sur la momie du F. maniculata.