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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/64

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CHATS DOMESTIQUES.

du chat commun et du F. ornata (ou torquata), et que, dans cette partie de l’Inde, un grand nombre de chats domestiques ne peuvent être distingués du F. ornata sauvage. Azara, sur le témoignage des habitants, dit que, dans le Paraguay, le chat a été croisé avec deux espèces indigènes. Ces divers cas nous montrent qu’en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique le chat commun, vivant dans une plus grande liberté que tous les autres animaux domestiques, s’est croisé avec plusieurs espèces sauvages ; et que ces croisements ont, dans quelques cas, été assez fréquents pour modifier et affecter les caractères de la race.

Que les chats domestiqués proviennent de plusieurs espèces distinctes, ou qu’ils aient seulement été modifiés par des croisements accidentels, leur fécondité paraît intacte. De toutes nos races domestiques, le gros angora ou chat persan est celui qui diffère le plus des autres par ses mœurs et sa conformation. Pallas croit, sans preuve certaine, qu’il descend du F. manul de l’Asie centrale ; mais M. Blyth m’assure que ce chat se croise librement avec le chat domestique indien, qui, comme nous l’avons vu, a été passablement mêlé avec le F. chaus. En Angleterre les angoras demi-sang produisent très-bien avec le chat commun ; je ne sais si les métis sont féconds entre eux, mais comme ils sont très-communs dans certaines parties de l’Europe, tout degré de stérilité un peu prononcé, n’aurait pas manqué d’être signalé.

Nous ne rencontrons pas, dans un même pays, des races de chats aussi tranchées que celles des chiens ou autres animaux domestiques, quoique cependant les chats présentent encore passablement de fluctuations dans leur variabilité. Ceci s’explique probablement par leurs mœurs nocturnes et vagabondes, d’où résultent une confusion inextricable de croisements et de mélanges, et l’impossibilité de produire des races distinctes par sélection, ou de conserver intactes celles importées d’ailleurs. D’autre part dans les îles et dans les régions qui se trouvent complètement séparées les unes des autres, nous rencontrons des races plus ou moins distinctes ; ces cas valent la peine d’être cités, parce qu’ils montrent que la rareté des races distinctes dans un même pays, ne tient pas à un défaut de variabilité chez l’animal. Les chats sans queue de l’île de Man,