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le corps de l’utérus humain, tandis qu’elles restent séparées chez les animaux dont l’utérus ne présente pas de partie moyenne, ou de corps. À mesure que l’utérus se développe, les deux cornes se raccourcissent graduellement et finissent par disparaître, comme si elles étaient absorbées par lui. » Les angles de l’utérus s’allongent encore en cornes jusque chez les singes inférieurs et leurs voisins les lémurs.

Or on constate parfois chez les femmes des cas d’anomalie : l’utérus adulte est muni de cornes, ou partiellement divisé en deux organes ; ces cas, d’après Owen, représentent « le degré de développement concentré » que cet organe a atteint chez certains rongeurs. Ce n’est peut-être là qu’un exemple d’un simple arrêt de développement embryonnaire, avec accroissement subséquent et évolution fonctionnelle complète, car chacun des deux côtés de l’utérus, partiellement double, est apte à servir à l’acte propre de la gestation. Dans d’autres cas plus rares, il y a formation de deux cavités utérines distinctes, ayant chacune ses passages et ses orifices spéciaux[1]. Aucune phase analogue n’étant parcourue dans le développement ordinaire de l’embryon, il serait difficile, quoique non impossible, de croire que les deux petits tubes primitifs simples sauraient (s’il est permis d’employer ce terme) se développer en deux utérus distincts, ayant chacun un orifice et un passage, et abondamment pourvus de muscles, de nerfs, de glandes et de vaisseaux, s’ils n’avaient pas autrefois suivi un cours analogue d’évolution, comme cela se voit chez les marsupiaux actuels. Personne ne pourrait prétendre qu’une conformation, aussi parfaite que l’est l’utérus double anormal de la femme, puisse être le résultat du simple hasard. Le principe du retour, au contraire, en vertu duquel des conformations depuis longtemps perdues sont rappelées à l’existence, pourrait être le guide conducteur du développement complet de l’organe, même après un laps de temps très prolongé.

Après avoir discuté ce cas et plusieurs autres analogues, le professeur Canestrini[2] arrive à une conclusion identique à la

  1. Voir l’article du docteur A. Farre, dans Cyclopedia of Anat. and physiology, vol. v, 1859, p. 642. Owen, Anatomy of Vertebrates, vol. III, p. 687, 1868 ; professeur Turner, Edinburgh Medical Journal, fév. 1865.
  2. Annuario della Soc. dei Naturalisti in Modena, 1867, p. 83. le professeur Canestrini cite des extraits tirés de diverses autorités. Laurillard a trouvé une similitude complète dans la forme, les proportions et les connexions des deux os malaires chez plusieurs sujets humains et chez certains singes, et remarque qu’il ne peut pas, par conséquent, considérer cette disposition des parties comme purement accidentelle. Le docteur Saviotti a publié (Gazetta della