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Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/60

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Facultés mentales. — Il y a peu de chose à dire sur ce point. Les vers, nous l’avons vu, sont timides. Il est permis de douter que lorsqu’on les blesse, ils souffrent autant qu’ils paraissent l’exprimer par leurs contorsions. À en juger par leur avidité pour certaines sortes de nourriture, ils doivent ressentir du plaisir à manger. Le penchant sexuel est chez eux assez fort pour surmonter pendant quelque temps leur crainte de la lumière. Peut-être outils une trace de penchant social, car cela ne les dérange pas de ramper l’un sur l’autre et quelquefois ils gisent au contact l’un de l’autre. D’après Hoffmeister, ils passent l’hiver ou isolés, ou roulés en pelote avec d’autres au fond de leur galerie[1]. Bien que les vers soient si imparfaits sous le rapport des différents organes des sens, cela ne prouve pas qu’ils soient nécessairement dépourvus d’intelligence ; nous l’avons appris par des observations comme celles de Laura Bridgman, et nous avons vu que, leur attention une fois occupée, ils négligent des impressions dont ils auraient sans cela tenu compte ; or, l’attention implique l’existence d’un pouvoir mental de quelque espèce. Ils sont aussi plus faciles à exciter à certaines époques qu’à d’autres. Ils accomplissent instinctivement quelques actions, c’est-à-dire que tous les individus, y compris les jeunes, accomplissent ces actions à peu près de la même manière. C’est ce que montre la façon dont les espèces de Perichæta disposent les matières qu’ils rejettent, de manière à construire des tours ; c’est en-

  1. Familie de Regenwürmer. (Famille des vers de terre), p. 13.