Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nules d’amidon. Le simple enfouissement de feuilles de tilleul dans de la terre humide pendant neuf jours n’amena pas la destruction des granules d’amidon. D’un autre côté, l’immersion de feuilles fraîches de tilleul et de cerisier pendant dix-huit heures dans du suc pancréatique artificiel, eut pour résultat la dissolution des granules d’amidon dans les cellules-gardes aussi bien que dans les autres cellules.

Du fait que la sécrétion dont les feuilles sont humectées est alcaline, et de ce qu’elle agit aussi bien sur les granules d’amidon que sur le contenu protoplasmique des cellules, nous sommes en droit de conclure qu’elle ressemble non à la salive[1], mais à la sécrétion du pancréas ; et Frédéricq nous a appris qu’une sécrétion de cette sorte se trouve dans les intestins des vers. Les feuilles traînées jusque dans les galeries étant souvent sèches et recroquevillées, il est indispensable pour leur désagrégation par la bouche nue des vers qu’elles soient d’abord humectées et amollies ; et les feuilles fraîches, quelque molles et tendres qu’elles soient, sont traitées de la même manière, probablement par suite de l’habitude. Il en résulte qu’elles sont en partie digérées avant de passer dans le canal alimentaire. Je ne sache pas qu’on ait rapporté quelque autre cas de digestion extra-stomacale. Le boa constricteur baigne de salive sa proie, mais c’est uniquement pour la lubrifier. Peut-être le cas le plus analogue se retrouve-t-il dans des plantes telles que le

  1. Claparède doute que les vers sécrètent de la salive ; voir : Zeitschrift für wissenschaftl. Zoologie, vol. XIX, 1869, p. 601.