Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
LE CASARA.

contraires à celles des membres de cette famille. L’espèce la mieux connue est l’oiseau à four commun de la Plata, le casara, ou constructeur de maisons, des Espagnols. Cet oiseau place son nid, d’où il tire son nom, dans les situations les plus exposées, au sommet d’un pieu, par exemple, sur un rocher nu ou sur un cactus. Ce nid se compose de boue et de morceaux de paille et a des murs très-épais et très-solides ; sa forme est absolument celle d’un four ou d’une ruche déprimée. L’ouverture du nid est large et en forme de voûte ; immédiatement en face de cette ouverture, à l’intérieur du nid, se trouve une cloison qui monte presque jusqu’au toit, formant ainsi un couloir ou une antichambre précédant le nid lui-même.

Une autre espèce plus petite de Furnarius (F. cunicularius) ressemble à l’oiseau à four par la teinte ordinairement rougeâtre de son plumage, par son cri aigu et singulier, qu’il répète à chaque instant, et par son étrange habitude de courir en faisant des soubresauts. En conséquence de cette affinité, les Espagnols l’appellent casarita (ou petit constructeur de maisons), bien qu’il construise un nid tout différent. Le casarita construit son nid au fond d’un trou étroit cylindrique, qui s’étend horizontalement, dit-on, à 6 pieds sous terre. Plusieurs paysans m’ont dit que, dans leur jeunesse, ils avaient essayé de trouver le nid, mais que bien rarement ils avaient pu atteindre le bout du passage. Cet oiseau choisit ordinairement, pour y creuser son nid, un monticule peu élevé de terrain sablonneux résistant, sur le bord d’une route ou d’un ruisseau. Ici (à Bahia Blanca), les murs qui entourent les maisons sont construits en boue durcie ; je remarquai qu’un mur entourant la cour de la maison que j’habitais était percé d’une grande quantité de trous ronds. Le propriétaire, quand je lui demandai la raison de ces trous, me répondit en se plaignant vivement du casarita, et j’en vis bientôt plusieurs à l’œuvre. Il est assez curieux d’observer combien ces oiseaux sont incapables d’apprécier l’épaisseur de quoi que ce soit, car, bien qu’ils voltigeassent constamment au-dessus du mur, ils persistaient à le traverser de part en part, pensant sans doute que c’était là un monticule excellent pour y creuser leur nid. Je ne doute pas que chaque oiseau n’ait été grandement surpris quand il se retrouvait en pleine lumière de l’autre côté du mur.

J’ai déjà cité presque tous les mammifères qui se trouvent dans ce pays. Il y a trois espèces de tatous : le Dasypus minutus ou Pichy, le D. villosus ou Peludo et l’Apar. Le premier s’étend 10 de-