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Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/22

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lui ai envoyée ; tout au contraire, il y trouve deux espèces que jusqu’à présent on n’a découvertes que dans l’Amérique du Sud. Cette poussière tombe en quantité telle, qu’elle salit tout à bord et qu’elle blesse les yeux ; quelquefois même elle obscurcit l’atmosphère à un tel point, que des bâtiments se sont perdus et jetés à la côte. Elle est souvent tombée sur des vaisseaux éloignés de la côte d’Afrique de plusieurs centaines de milles et même de plus de 1000 milles (1600 kilomètres), et à des points distants de plus de 1 600 milles dans la direction du nord au sud. J’ai été fort surpris de trouver, dans de la poussière recueillie à bord d’un bâtiment, à 300 milles (480 kilomètres) de la terre, des particules de pierre ayant environ le millième d’un pouce carré, mélangées à des matières plus fines. En présence de ce fait on n’a pas lieu d’être surpris de la dissémination des sporules beaucoup plus petits et beaucoup plus légers des plantes cryptogames.

La géologie de cette île constitue la partie la plus intéressante de son histoire naturelle. Dès qu’on entre dans le port, on aperçoit, dans la dune qui fait face à la mer, une bande blanche parfaitement horizontale qui s’étend sur une distance de plusieurs milles le long de la côte et qui se trouve placée à une hauteur d’environ 45 pieds (13 mètres) au-dessus du niveau de l’eau. Quand on examine de plus près cette couche blanche, on trouve qu’elle consiste en matières calcaires qui contiennent de nombreux coquillages dont la plupart existent encore sur la côte voisine. Cette couche repose sur d’anciennes roches volcaniques et a été recouverte à son tour par une coulée de basalte qui a dû se précipiter dans la mer, alors que cette couche blanche renfermant les coquillages reposait au fond des eaux. Il est fort intéressant de remarquer les modifications apportées dans la masse friable par la chaleur des laves qui l’ont recouverte ; partie de cette masse a été transformée en craie cristalline, partie en une pierre tachetée compacte. Partout où les scories de la surface inférieure du courant de lave ont touché la chaux, elle se trouve convertie en groupes de fibres admirablement radiées, ressemblant à de l’arragonite. Les couches de lave s’élèvent en terrasses successives légèrement inclinées vers l’intérieur, d’où sont sortis dans l’origine les déluges de pierre en fusion. Aucun signe d’activité volcanique ne s’est, je crois, manifesté à San-Iago depuis les temps historiques. Il est même rare qu’on puisse découvrir la forme d’un cratère au sommet des nombreuses collines formées de cendres rouges, cependant on peut distinguer sur la côte les couches