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Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/283

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CLIMAT DES ILES ANTARCTIQUES.

tagnes de glace et des matières qu’elles transportaient. Bien peu de géologues doutent aujourd’hui que les blocs erratiques qui se trouvent auprès des hautes montagnes ont été amenés par les glaciers eux-mêmes, et que ceux qui se trouvent à une grande distance des montagnes, enfouis dans les couches subaqueuses, ont été charriés en cet endroit par des montagnes de glace, ou ont été retenus par les glaces de la côte. Le rapport qui existe entre le transport des blocs erratiques et la présence de la glace sous quelque forme que ce soit, se trouve admirablement prouvé par la distribution géographique de ces blocs sur la terre. Dans l’Amérique méridionale, on ne trouve pas de blocs erratiques au delà du 48e degré de latitude en partant du pôle austral ; dans l’Amérique septentrionale il semble que la limite de leur transport s’étend à 33 degrés et demi du pôle boréal ; mais en Europe il ne s’étend pas à plus de 40 degrés de latitude, en partant du même point. D’autre part, on n’en a jamais observé dans les parties intertropicales de l’Amérique, de l’Asie et de l’Afrique ; on n’en a jamais observé non plus au cap de Bonne-Espérance ou en Australie[1].

Sur le climat et les productions des îles antarctiques. — Si l’on considère la vigueur de la végétation à la Terre de Feu et sur la côte qui s’étend au nord de cette région, on reste fort surpris quand on voit la condition des îles qui se trouvent au sud et au sud-ouest de l’Amérique. La terre de Sandwich, qui se trouve située sous une latitude correspondant à celle du nord de l’Écosse, a été découverte par Cook pendant le mois le plus chaud de l’année, et cependant cette terre « était recouverte d’une épaisse couche de neiges perpétuelles ; » il semble n’y avoir là aucune ou presque aucune végétation. La Géorgie, île ayant 96 milles (132 kilomètres) de longueur sur 10 (16 kilomètres) de largeur et sous une latitude correspondante à celle du Yorkshire, « est, au milieu même de l’été, couverte presque entièrement de neige congelée. » Cette île ne produit qu’un peu de mousse, quelques touffes d’herbes et de la pimprenelle sauvage ; elle ne possède qu’un seul oiseau terrestre (Anthus correndera), et cependant l’Islande, qui est 10 degrés plus près du pôle, possède, selon Mackensie, quinze

  1. J’ai donné, dans la première édition de cet ouvrage et dans l’appendice qui y est attaché, les premiers détails publiés, je crois, à ce sujet. J’ai prouvé que les exceptions supposées à l’absence de blocs erratiques, dans certains pays chauds, sont dues à des observations erronées. Différents auteurs ont depuis confirmé mes remarques.