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CHILI CENTRAL.

pays natal. Entre autres questions, il me fait celle-ci : « À présent que Georges Rex est mort, pourriez-vous me dire combien il reste encore de membres de la famille Rex ? » Ce Rex est certainement parent du grand auteur Finis qui a signé tous les livres.

Les mines de Jajuel sont des mines de cuivre, et on expédie tout le minerai à Swansea pour l’y faire fondre. Aussi ces mines ont-elles un aspect singulièrement tranquille quand on les compare à celles de l’Angleterre : il n’y a ici ni fumée, ni hauts fourneaux, ni machines à vapeur qui troublent la solitude des montagnes environnantes.

Le gouvernement chilien, ou plutôt la vieille loi espagnole encore en vigueur, encourage de toutes façons la recherche des mines. Moyennant un droit de 5 francs, la personne qui découvre une mine a le droit de l’exploiter, quel que soit l’endroit où elle se trouve ; avant de payer ce droit, elle peut continuer ses recherches pendant vingt jours, même dans le jardin de son voisin.

On sait actuellement que la méthode employée au Chili pour exploiter les mines est de beaucoup la moins dispendieuse. Mon hôte me dit que les étrangers ont introduit dans le pays deux améliorations principales : 1o la réduction, par un grillage, des pyrites de cuivre ; ces pyrites constituent le minerai le plus commun de la Cornouailles ; aussi les mineurs anglais furent-ils très-étonnés, à leur arrivée, de les voir rejeter ici comme n’ayant aucune valeur ; 2o le concassage et le lavage des scories provenant des anciennes fournaises, ce qui permet de recouvrer une grande quantité de parcelles de métal. J’ai vu des mules porter à la côte une cargaison de ces scories destinées à l’exportation en Angleterre. Mais le premier cas est de beaucoup le plus curieux. Les mineurs chiliens étaient si convaincus que les pyrites de cuivre ne contiennent pas un atome de métal, qu’ils se moquèrent de l’ignorance des Anglais ; ceux-ci, à leur tour, ne manquèrent pas de se moquer des Chiliens et achetèrent les veines les plus riches de minerai moyennant quelques dollars. Il est fort curieux que, dans un pays où on exploite les mines depuis si longtemps, on n’ait jamais découvert un procédé aussi simple que celui du grillage pour chasser le soufre avant la fonte. On a introduit aussi quelques améliorations dans les machines les plus simples ; mais aujourd’hui encore (1834) on épuise quelques mines en transportant l’eau à dos d’homme dans des sacs de cuir !

Les ouvriers mineurs travaillent beaucoup. On leur donne très-peu de temps pour leurs repas et, en hiver comme en été, ils se