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ARCHIPEL DES GALAPAGOS.

goélands, on est tout surpris de voir que l’espèce qui habite ces îles leur est particulière, bien qu’elle soit alliée à une espèce qui fréquente les parties sud de l’Amérique méridionale. Le caractère propre beaucoup plus tranché que l’on remarque chez les oiseaux terrestres, c’est-à-dire que sur vingt-six d’entre eux, vingt-cinq sont des espèces nouvelles ou tout au moins des races nouvelles, comparativement aux échassiers et aux oiseaux à pieds palmés, concorde bien avec l’étendue beaucoup plus considérable de l’habitat de ces derniers ordres dans toutes les parties du monde. Nous verrons tout à l’heure que la loi en vertu de laquelle les formes aquatiques, qu’elles habitent l’eau douce ou l’eau salée, sont moins distinctes en un point quelconque de la surface de la terre que les formes terrestres appartenant aux mêmes classes, se trouve admirablement confirmée par les coquillages et à un degré un peu moindre par les insectes que l’on trouve dans cet archipel.

Deux échassiers sont un peu plus petits que les mêmes espèces importées dans ces îles ; l’hirondelle est aussi un peu plus petite, bien qu’il soit douteux qu’elle soit distincte de l’oiseau analogue. Les deux hiboux, les deux gobe-mouches (Pyrocephalus) et la colombe sont aussi plus petits que les espèces analogues, mais distinctes, dont ils sont les plus proches parents ; d’autre part, le goéland est un peu plus grand. Les deux hiboux, l’hirondelle, les trois espèces d’oiseaux moqueurs, la colombe dans ses couleurs séparées, quoique non pas dans l’ensemble de son plumage, le Totanus et le goéland portent aussi des couleurs plus sombres que les espèces analogues ; dans le cas des oiseaux moqueurs et du totanus, ces couleurs sont plus sombres que celles de toutes les autres espèces des deux genres. À l’exception d’un roitelet qui a une belle poitrine jaune et d’un gobe-mouche qui a une huppe écarlate et la poitrine de la même couleur, aucun de ces oiseaux ne porte les couleurs brillantes qu’on aurait pu s’attendre à trouver sous l’équateur. Cela semble prouver que les mêmes causes qui, par leur action, ont fait diminuer de grosseur les immigrants de quelques espèces, ont aussi agi de façon à rendre plus petites aussi bien que de couleur plus sombre la plupart des espèces qui appartiennent en propre à l’archipel des Galapagos. Toutes les plantes ont un aspect misérable et je n’ai pas rencontré une seule belle fleur. Les insectes, de leur côté, sont petits, ont des couleurs sombres et, comme me l’a dit M. Waterhouse, rien chez eux ne pourrait faire supposer qu’ils proviennent d’un pays équatorial. En un mot, les oiseaux, les plantes