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DISTRIBUTION DES ÊTRES ORGANISÉS.

plus noires et ont un meilleur goût quand elles sont cuites. M. Bibron m’affirme aussi qu’il a trouvé deux espèces distinctes de tortues dans l’archipel Galapagos, mais il ne sait pas de quelles îles elles proviennent. Les spécimens que j’ai rapportés provenaient de trois îles ; c’étaient de jeunes individus et c’est probablement pour cette raison que ni M. Gray, ni moi, n’avons pu découvrir chez eux aucune différence spécifique. J’ai remarqué que l’Amblyrhynchus marin était plus grand à l’île Albemarle que partout ailleurs ; M. Bibron, de son côté, m’informe qu’il a vu deux espèces aquatiques distinctes de ce genre ; il est donc probable que les différentes îles possèdent leurs races et leurs espèces particulières d’amblyrhynchus aussi bien que de tortues. Mais ce qui éveilla complètement mon attention, ce fut la comparaison des nombreux spécimens d’oiseaux moqueurs tués par moi ou par les officiers du bord. À mon grand étonnement, je m’aperçus que tous ceux qui provenaient de l’île Charles appartenaient à l’espèce Mimus trifasciatus ; tous ceux qui provenaient de l’île Albemarle appartenaient à l’espèce Mimus parvulus ; tous ceux qui provenaient des îles James et Chatham, entre lesquelles sont situées deux autres îles formant une espèce de lien, appartenaient à l’espèce Mimus melanotis. Ces deux dernières espèces sont très-voisines et quelques ornithologistes ne les considéreraient que comme des races ou des variétés bien déterminées. Mais l’espèce Mimus trifasciatus est absolument distincte. Malheureusement, la plupart des spécimens de moineaux se sont trouvés mêlés ensemble, mais j’ai de fortes raisons pour croire que quelques espèces du sous-groupe geospiza ne se trouvent que sur certaines îles. Si les différentes îles possèdent leurs espèces particulières de geospiza, cela peut expliquer le nombre considérable d’espèces de ce sous-groupe dans ce petit archipel ; on peut attribuer aussi au nombre considérable de ces espèces la série parfaitement graduée dans la grosseur de leur bec. Deux espèces du sous-groupe cactornis et deux espèces de camarhynchus proviennent de ces archipels ; or les nombreux spécimens tués par quatre chasseurs dans l’île James, appartiennent tous à une espèce de chaque groupe ; tandis que les nombreux spécimens tués soit dans l’île Chatham, soit dans l’île Charles, car les deux lots ont été mélangés, appartiennent tous aux deux autres espèces. Nous pouvons donc en conclure que ces îles possèdent leurs espèces particulières de ces deux sous-groupes. Cette loi de distribution ne paraît pas s’appliquer aux coquillages terrestres. M. Waterhouse, en exa-