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RIO DE JANEIRO.

communauté. De cette manière, les toiles unies entourent le sommet de quelques gros buissons. Azara[1] a décrit une araignée vivant en société, qu’il a observée au Paraguay ; Walckenaer pense que ce devait être un Théridion ; mais c’est probablement une Epeire, et elle appartient peut-être à la même espèce que la mienne. Je ne peux cependant me rappeler avoir vu le nid central aussi grand qu’un chapeau, dans lequel, dit Azara, les araignées déposent leurs œufs en automne, au moment de leur mort. Comme toutes les araignées que j’ai vues en cet endroit avaient la même grosseur, elles devaient probablement avoir presque le même âge. Cette habitude de vivre en société chez un genre aussi typique que celui des Epeires, c’est-à-dire chez des insectes si sanguinaires et si solitaires que les deux sexes mêmes s’attaquent souvent l’un l’autre, constitue un fait fort singulier.

Dans une haute vallée des Cordillères, auprès de Mendosa, j’ai trouvé une autre araignée qui construit une toile fort singulière. De fortes lignes rayonnent dans un plan vertical autour d’un centre commun où se tient l’insecte ; mais deux rayons seulement sont réunis par un tissu symétrique, de telle sorte que la toile, au lieu d’être circulaire comme à l’ordinaire, consiste seulement en un segment ayant la forme d’un coin. Toutes les toiles en cet endroit affectaient la même forme.

  1. Azara, Voyage, vol. I, p. 213.