Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
MALDONADO.

même à une fort grande distance, par son vol élégant et par la hauteur à laquelle il plane. On sait qu’il se nourrit exclusivement de charogne. Sur la côte occidentale de la Patagonie, au milieu des îlots boisés et sur la côte si profondément découpée, il se nourrit exclusivement de ce que la mer peut rejeter à la côte et des cadavres de phoques. Partout où ces derniers se réunissent sur les rochers, on rencontre sûrement des vautours. Le gallinazo (Cathartes atratus) n’habite pas les mêmes régions que la dernière espèce et on ne le trouve jamais au sud du 41e degré de latitude. D’après Azara, une tradition veut que, au temps de la conquête, ces oiseaux ne se trouvaient pas auprès de Montevideo et qu’ils ne soient venus dans ces parages qu’à la suite des habitants. Actuellement, ils habitent en grand nombre la vallée du Colorado, située à 300 milles au sud de Montevideo. Il semble probable que cette migration nouvelle a eu lieu depuis le temps d’Azara. Le gallinazo préfère ordinairement un climat humide, ou plutôt le voisinage de l’eau douce aussi est-il extrêmement abondant au Brésil et à la Plata et ne le trouve-t-on jamais dans les plaines arides et désertes de la Patagonie septentrionale, sauf toutefois le long de quelques fleuves. Ces oiseaux fréquentent les Pampas jusqu’aux Cordillères, mais je n’en ai jamais vu un seul au Chili ; au Pérou on les respecte, car on les regarde comme les véritables balayeurs des rues. On peut certainement dire que ces vautours vivent en société, car ils semblent prendre plaisir dans la compagnie les uns des autres et ils ne se réunissent pas seulement pour fondre sur une proie commune. Par un beau jour, on peut souvent en observer des troupes entières planant à de grandes hauteurs, chaque oiseau décrivant les évolutions les plus gracieuses. Ces évolutions ne peuvent être pour eux qu’un exercice, ou bien peut-être ont-elles quelque rapport avec leurs alliances matrimoniales.

J’ai actuellement cité tous les oiseaux qui se nourrissent de charogne, à l’exception du condor ; peut-être vaut-il mieux remettre ce que j’ai à en dire jusqu’à ce que nous visitions un pays plus en rapport avec ses habitudes que les plaines de la Plata.

À quelques milles de Maldonado, dans une large bande de monticules de sable qui séparent la lagune del Potrero des bords de la Plata, j’ai trouvé un groupe de ces tubes vitrifiés et siliceux que forme la foudre quand elle entre dans le sable. Ces tubes ressemblent sous tous les rapports à ceux de Drigg dans le Cumber-