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TUBES FORMÉS PAR LA FOUDRE.

land, qui ont été décrits dans les Goological Transactions[1]. Les monticules de sable de Maldonado, n’étant fixés par aucune végétation, changent constamment de position. Grâce à cette cause, les tubes avaient été projetés au-dessus de la surface et de nombreux fragments éparpillés autour d’eux prouvaient qu’ils avaient été autrefois enterrés à une plus grande profondeur. Il y en avait quatre qui entraient perpendiculairement dans le sable à cet endroit ; en creusant avec mes mains je pus en suivre un jusqu’à une profondeur de 2 pieds ; en ajoutant quelques fragments qui avaient évidemment appartenu au même tube, j’obtins une longueur totale de 5 pieds 3 pouces. Le diamètre de ce tube était partout le même, ce qui nous autorise à supposer que, dans l’origine, il avait une longueur bien plus considérable. Mais ce sont là, en somme, de fort petites dimensions si on les compare à celles des tubes de Drigg, dont l’un a été retrouvé sur une longueur de 30 pieds.

La surface intérieure de ces tubes est complètement vitrifiée, luisante et polie. Un petit fragment examiné au microscope ressemble à un morceau de métal soumis à l’action du chalumeau, tant est grand le nombre de bulles d’air ou de vapeur qu’il contient. Le sable, en cet endroit, est entièrement ou en grande partie siliceux, mais sur quelques points du tube il affecte une couleur noire et la surface luisante a un lustre absolument métallique. L’épaisseur des parois du tube varie du treizième au vingtième d’un pouce et se monte même quelquefois à un dixième de pouce. À l’extérieur, les grains de sable sont arrondis et sont quelque peu vitrifiés, mais je n’ai pu remarquer aucun signe de cristallisation. Comme on l’a déjà indiqué dans les Geological Transactions, les tubes sont généralement comprimés et portent de profondes rainures longitudinales, ce qui les fait ressembler absolument à une tige végétale ridée, ou mieux encore à l’écorce de l’orme ou à celle du chêne-liège. Ils ont environ 2 pouces de circonférence, mais, dans quelques fragments cylindriques où les rainures n’existent pas, cette circonférence arrive jusqu’à 4 pouces. Ces rainures proviennent évidemment de la compression exercée par le sable environnant sur le tube pendant que ce dernier était

  1. Geological Transact., vol. II, p. 528. Le docteur Priestley a décrit, dans les Philosoph. Transact. (1790, p. 294), quelques tubes siliceux imparfaits et un caillou de quartz fondu trouvés dans le sol, sous un arbre, où un homme avait été tué par la foudre.