Page:Dash - Un amour coupable.djvu/19

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mais ignorant du monde, regardait Aurore, semblait s’occuper uniquement d’elle ; et vous comprenez que je l’ai emmenée.

— C’est-à-dire, ma chère, qu’il s’occupait de vous bien plus que de moi, et que…

— Allons ! reprit la mère, je vois qu’il s’occupait de toutes les deux et ceci ne m’étonne pas.

— Vous riez, madame ? interrompit le marquis de Saint-Même d’un ton sévère, vous riez ? vous devriez plutôt louer la duchesse de sa prudence : elle s’est conduite en femme honnête et réservée. Une veuve de son âge et une fille de l’âge de sa sœur ne sauraient garder trop de mesure, exiger trop de respect. En se protégeant elles-mêmes elles rendent plus facile la tâche de leurs parents.

— La vôtre, monsieur; car, hors vous, qui nous doit un appui sur la terre ? Je n’ai plus de mari, Dieu nous a refusé un frère ; vous nous restez seul.

— Et je ne faillirai pas à mon devoir, mes chères filles : je tiendrai haut et ferme le pennon de mes ancêtres, qui descendra avec moi dans la tombe, car je suis le dernier de mon nom.

Un nuage de tristesse passa sur les traits du vieillard en prononçant ces mots. La marquise baissa les yeux et devint pâle.

Cette petite scène n’étonna aucun des assistants. Sans doute elle était dans leurs habitudes, et cet inté-