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Page:Dash - Un amour coupable.djvu/309

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— Monsieur, je ne partirai pas sans madame Dandolo.

— Vous êtes prisonnier de guerre, pris les armes à la main ; on m’en a fait le rapport ; à votre arrivée, vous avez tenté de vous défendre. Vous êtes donc dans la catégorie de ceux qu’on fusille sans procès. J’en suis le maître : un mot de moi, et, au lieu de ces hochets de marbre, c’est vous qui servirez de but à mes soldats.

— Quand il vous plaira : je suis prêt.

— Partez donc ! Ne voyez-vous pas que je recule ? Ne voyez-vous pas que je résiste de toutes mes forces à la tentation qui me pousse ? Si vous restez, si vous prononcez encore son nom, si vous réclamez vos droits, je ne serai plus le maître de ma jalousie, je me débarrasserai d’un obstacle : c’est vous qui l’aurez voulu.

Au moment même, la comtesse descendit en courant la pente et tomba comme une bombe entre eux deux ; se jetant au cou de son mari :

— Vous n’oseriez pas ! dit-elle.

Le premier mouvement d’Armand fut la surprise ; mais la durée d’un éclair suffit pour le remettre. Ses passions contenues par ce qu’il avait entendu depuis la veille se déchaînèrent ; ses mouvements impétueux révélèrent cette agitation. Il porta la main à son épée ; il eût cloué le comte à la muraille, sans la crainte de