Page:Dash - Un amour coupable.djvu/310

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blesser sa femme, qui le tenait embrassé. Il sentit le désavantage que lui donnait cette frénésie dans un moment aussi grave, et appelant à lui toute la puissance de son organisation, il se força à une tranquille colère.

— Sergent ! cria-t-il, à la porte du corps de garde établi dans l’ancienne église, un peloton de dix hommes, les armes chargées, prêt lorsque je le demanderai ; d’ici là qu’on me laisse !

Il reprit sa promenade sur la terrasse, au bout de laquelle le comte et la comtesse, appuyés l’un sur l’autre, près d’une charmille, se parlaient bas. Armand se faisait une violence surhumaine, il commandait à sa fureur. Ces combats se reflétaient sur son visage, d’une pâleur effrayante. Après plus de dix minutes de silence, il s’arrêta devant le groupe désolé, et fixant ses regards sur le comte, il lui dit :

— Vous me connaissez, monsieur, vous savez depuis longtemps quelle passion fatale m’attache à la femme que vous m’avez ravie ; vous savez encore, car vous autres, inquisiteurs d’État, vous savez tout, et vous l’étiez, j’en ai les preuves ; vous savez, dis-je, ce que j’ai fait, ce que j’ai risqué pour me rapprocher d’elle ; vous connaissez mon indomptable caractère, et quand je vous aurai dit : Je l’ai, je la veux, je la garderai ! vous ne douterez pas que ma décision ne soit irrévocable.