sait, retrouvait ses fossés interminables, ses tas de pierres symétriquement alignés et ses bornes basses qui mesurent les distances aux pas fatigués des voyageurs.
Ce silence glissant dans l’espace, cette mort de tout mouvement fait à l’enfant l’illusion d’un immense sommeil épandu, et il craint d’entendre auprès de lui le ronflement lassé qui l’a si fort effrayé là-bas sur le tas de pierres. Même le bruit léger de sa marche le trouble ; parfois il se retourna vivement… La lueur de Paris éclaire toujours l’horizon. Au loin on entend un grincement de roues, un tintement de grelots. L’enfant se dit : « attendons » ; mais rien ne passe, et cette charrette invisible dont les roues semblent marcher péniblement, s’enfonce en un endroit lointain de l’horizon, revient, se tait, se réveille dans les caprices tournants de quelque route difficile, et ne se décide jamais à paraître.
Jack continue sa course… Quel est cet homme qui l’attend debout au détour du chemin ?… Un homme, deux, trois… Ce sont des arbres, de longs peupliers qui frémissent de toutes leurs feuilles sans courber seulement leur faîte ; puis, des ormes, de vieux ormes de France aux troncs capricieux, feuillus, immenses, tourmentés. Et Jack marche entouré de nature, pris dans ce grand mystère des nuits de printemps où l’on croit entendre l’herbe pousser, les bourgeons s’entr’ouvrir, la terre se fendre pour les éclosions. Tous ces bruits confus l’épouvantent.