Page:Daudet - Jack, I.djvu/218

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ainsi qu’on appelait dans le pays la maison qu’habitait la mère de Jack, à cause d’un bouquet de petits aulnes posé au bout du jardin.

— Jésus-Dieu ! qu’il est joli, votre garçon… fit la paysanne enthousiasmée de l’apparition de Jack dans la basse-cour.

— N’est-ce pas, mère Archambauld ?… Quand je vous le disais.

— Mais dame ! y ressemblont ben plus à sa maman qu’à son papa, pour sûr… Bonjour, mon mignon. Voulez-vous t’y que je vous embrasse ?

Elle frotta contre le visage de l’enfant sa peau de vieille sauvagesse aux yeux noirs, qui sentait le chou des lapins. À ce mot de « papa, » Jack avait levé la tête.

— Eh bien, puisque tu ne peux pas dormir, allons voir la maison…, dit la mère qui se lassait toujours très vite d’une occupation quelconque. Elle rabattit les plis de sa robe, et fit visiter à l’enfant cette habitation originale, située à une portée de fusil du village et réalisant ce rêve du confortable dans l’isolement que forment tous les poëtes, mais qui, le plus souvent, ne se trouve accompli que par des épiciers.

Le principal corps de logis se composait d’un ancien pavillon de chasse dépendant autrefois d’un de ces grands châteaux Louis XV comme il y en a beaucoup de ce côté, mais que le morcellement de la pro-