Page:Daudet - Jack, I.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

priété avait émancipé, lui aussi, rejeté en dehors des limites seigneuriales. À ces vieilles pierres s’appuyait une tourelle neuve avec un pigeonnier et une girouette, qui achevaient de donner à la maison l’aspect d’une gentilhommière retapée. Ils visitèrent aussi l’écurie, les hangars, le verger, un immense verger ouvrant sur la forêt de Sénart. On termina par la tourelle. Un escalier tournant, éclairé de lucarnes ornées de verres de couleur, conduisait à une grande pièce ronde, percée de quatre fenêtres en ogive, meublée d’un divan circulaire en étoffe algérienne. Quelques curiosités artistiques se trouvaient réunies là : des bahuts en vieux chêne, un miroir de Venise, d’anciennes tentures et une haute chaire en bois sculpté du temps de Henri II, posée comme un siége devant une immense table de travail chargée de paperasses.

De tous côtés un admirable paysage de bois, de vallée, de rivière se découvrait de haut, varié à chaque ouverture, tantôt limité par un rideau de feuilles vertes, tantôt s’échappant à perte de vue, aérien, lumineux, au delà des coteaux de la Seine.

— C’est ici qu’IL travaille ! dit la mère sur le seuil et d’un ton religieux.

Jack n’eut pas besoin de demander quel était ce IL si respectable.

À demi voix, comme dans un sanctuaire, elle continua sans regarder son fils :

— À présent, il est en voyage… Il reviendra dans