Page:Daudet - Jack, II.djvu/242

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agrandie, transformée. De gros bouquets achetés aux petites voitures de la rue se dressaient partout dans des vases, et une table servie étalait ses gaietés de linge blanc et de vaisselle commune, chargée d’un beau pâté et de deux bouteilles de vin cacheté. Ida elle-même se ressemblait à peine, en jupon brodé, en camisole claire, un petit bonnet jeté sur ses cheveux bouffants, et là-dessus l’épanouissement d’une physionomie de jolie femme, consolée, reposée, gazouillante.

— Eh bien, qu’en dis-tu ? cria-t-elle en courant au devant de lui, les bras ouverts.

Il l’embrassa.

— C’est superbe.

— Crois-tu que j’ai eu vite arrangé cela ? Il faut dire que Bel m’a bien aidé… Quel garçon complaisant !

— Qui donc ? Bélisaire ?

— Mais oui, mon petit Bel, et puis madame Weber aussi.

— Oh ! oh ! je vois que vous êtes déjà de grands amis.

— Je crois bien ! Ils sont si gentils, si prévenants ! Je les ai invités à dîner avec nous.

— Diable !… Et la vaisselle ?

— Tu vois, j’en ai acheté un peu, très peu. Le ménage d’à côté m’a prêté quelques couverts. Ils sont très complaisants aussi, ces petits Levindré.

Jack, qui ne se savait pas des voisins si obligeants, ouvrait des yeux étonnés.