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Page:Daudet - Jack, II.djvu/253

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et son tablier de cuir, le boulanger, patron de madame Weber, et son geindre, tous deux remarquables par l’énorme bourrelet rouge que formaient leurs cous vigoureux entre les cheveux coupés ras et le drap du collet, offraient une succession de redingotes grotesques, froissées de tous les plis de l’armoire d’où elles sortaient rarement, et raides aux manches où les coudes ne marquaient pas. Ensuite venait le ménage Levindré, les frères et sœurs de Bélisaire, des voisins, des amis, enfin Jack sans sa mère, madame de Barancy ayant consenti à honorer le repas de sa présence, mais n’ayant pu se résoudre à suivre la noce tout le jour.

Après l’encombrement à la mairie, l’interminable attente accompagnée de maux d’estomac, car midi était sonné depuis longtemps, le cortége se mit en marche pour aller prendre le chemin de fer à la gare de Vincennes. Le repas, espèce de goûter dînatoire, devait avoir lieu à Saint-Mandé, sur l’avenue du Bel-Air, dans un restaurant dont Bélisaire avait encore l’adresse chiffonnée au fond de sa poche. Ce renseignement n’était pas inutile, le même rond-point, à l’entrée du bois, présentant quatre ou cinq établissements tous pareils, avec la même enseigne « NOCES ET FESTINS » répétées sur des chalets, des kiosques ornés de verdures tentantes. Quand la noce de Bélisaire arriva, son salon n’était pas encore libre, et en l’attendant, on alla faire le tour du lac de Vincennes, ce bois de Boulogne des gueux. Des quantités d’au-