Page:Daudet - Jack, II.djvu/277

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lonnants des moucherons en haut des chênes, aux gazouillis des nids et des ruisseaux dans les feuilles, que peu à peu le pauvre garçon finit par oublier son terrible camarade. Mais avec Ida on n’était pas longtemps tranquille ; il fallait toujours s’attendre à un éclat. Les promeneurs s’arrêtèrent un moment chez le garde. En voyant son ancienne dame, la mère Archambauld se confondit en prévenances, en compliments de toutes sortes, sans demander aucune nouvelle de Monsieur, dont, avec son bon sens paysan, elle avait bien compris qu’il ne fallait pas parler. Mais la vue de cette bonne créature, si longtemps mêlée à la vie commune, fut désastreuse pour l’ancienne madame d’Argenton. Sans vouloir toucher au goûter que la mère Archambauld préparait en grande hâte dans la salle, elle se leva tout à coup, sortit précipitamment et prit toute seule le chemin des Aulnettes, marchant à grands pas comme si quelqu’un l’appelait. Elle voulait revoir « Parva domus. »

La tourelle de la maison était plus que jamais enveloppée de vigne folle et de lierre qui la fermaient, la cloîtraient de la base au faîte. Hirsch devait être absent, car toutes les persiennes étaient fermées, et le silence planait sur le jardin où le perron verdissait sans la moindre trace d’un passage. Ida s’arrêta un moment, écouta tout ce que lui disaient ces pierres muettes, mais si éloquentes ; puis elle coupa une branche de clématite qui jetait en dehors du mur des