Page:Daudet - Jack, II.djvu/84

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l’effort de cette lutte intérieure et finit par s’affaisser devant le bureau.

— Pardon, murmura-t-il.

D’un geste, le directeur le releva :

— Épargnez-nous vos supplications et vos larmes. Nous connaissons tout cela. Venons tout de suite au fait… Cette femme a volé son mari et sa fille pour vous. Vous aviez promis de rapporter l’argent dans deux jours. Où est-il ?

Le Nantais eut un regard éperdu de reconnaissance vers sa maîtresse, qui le sauvait par un mensonge ; mais Clarisse ne le regardait pas, elle. Elle n’était pas tentée de le regarder. Elle l’avait trop bien vu, la nuit du crime.

— Où est l’argent ? répéta le directeur.

— Voici !… Je l’apportais.

Il le rapportait en effet ; mais n’ayant pas trouvé Clarisse chez elle, il le remportait encore plus vite et se sauvait du côté du tripot pour tenter à nouveau la chance. C’était un vrai joueur.

Le directeur prit les billets posés sur la table :

— Est-ce que tout y est ?

— Il manque huit cents francs… dit l’autre en hésitant.

— Ah ! oui, je comprends. Une mise de fonds pour la partie de ce soir.

— Non, je vous jure. Je les ai perdus. Mais je les rendrai.