Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/228

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prairies roses de bruyères, de haies vives, grouillantes d’oiseaux, et des hêtres, des chênes au pied mousseux sentant la vieille plantation forestière. Au milieu d’une clairière, un chalet en sapin, le vrai chalet suisse, avec son escalier extérieur, ses petites vitres à châssis, sa vérandah découpée sous la longue pente du toit, consolidé par de grosses pierres contre les orages de montagne.

La Retraite !

Aux premiers temps de son mariage, Jeanne s’était fait, dans le second parc, loin des affineries et de la maison réprouvée, ce refuge, pieux souvenir de Grindelwald et de ses premiers entretiens avec l’Inaccessible. L’Œuvre constituée, elle abrita là ses ouvrières, les élues destinées à répandre l’Évangile et dont elle exigeait un stage de quelques mois, sous ses yeux. En bas, dans la salle de prières, écrasée et triste comme l’entrepont d’un de ces bateaux-missions qui portent l’Écriture aux baleiniers anglais des mers du Nord, elles s’exerçaient à prêcher ; Mme Autheman ou J.-B. Crouzat leur donnaient quelques leçons de théologie, de musique vocale. Le reste du temps se passait en méditations dans les