Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/90

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tions ; finis, les coups d’audace à se casser les reins. Les plus grouillants ne bougent plus, de peur d’un accroc à l’habit vert ; c’est comme les petits qu’on endimanche : « Amusez-vous, mais ne vous salissez pas. » Ils s’amusent, je t’en réponds… Il leur reste, je sais bien, l’adulation des popotes académiques et des belles dames qui les tiennent. Mais c’est si ennuyeux ! J’en parle par expérience, m’y étant laissé quelquefois traîner. Oui, comme dit le vieux Réhu, j’ai vu ça, moi !… Des pécores prétentieuses m’ont débité des phrases de Revue mal digérées qui leur sortaient du bec en banderoles comme aux personnages de rébus. J’ai entendu Mme Ancelin, cette bonne grosse mère bête comme un accident, glousser d’admiration aux mots de Danjou, des mots de théâtre, fabriqués au couteau, aussi peu naturels que les frisons de sa perruque… »

Freydet n’en revenait pas : Danjou, le pâtre du Latium, une perruque !

« Oh ! seulement une demie, un breton… J’ai subi chez Mme Astier des lectures ethnographiques à tuer un hippopotame, et à la table de la duchesse, pourtant hautaine et prude, j’ai vu ce vieux singe de Laniboire, occupant la place d’honneur, grimacer des polissonneries qui, à tout autre qu’un immortel, auraient valu la porte avec un de ces mots à la Padovani, je ne te dis que ça… Le