Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/210

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En réalité, ni les Anglais ni les princes ne jugeaient le moment opportun pour tenter un débarquement. S’ils en parlaient sans cesse et feignaient sans relâche de s’y préparer, ce n’était pas qu’ils fussent décidés à en affronter les périls ; c’était uniquement afin d’entretenir parmi les royalistes de Normandie et de Bretagne cet esprit de révolte dont le vicomte d’Aché s’était fait, dans la première de ces provinces, l’agent le plus actif, imité dans la seconde par un chouan non moins terrible que lui, le chevalier de La Haye Saint-Hilaire.

Au début de ces tentatives, c’est-à-dire dans le courant de l’année 1805, le gouvernement anglais, pour exciter le zèle des royalistes qu’il était en train de duper, peut-être aussi pour les endormir dans la confiance qu’ils lui accordaient, avait consenti à leur fournir des subsides. À prendre au pied de la lettre les promesses faites, ces secours devaient s’élever à plusieurs millions. En réalité, ils s’étaient bornés pour la Normandie à mille deux cents livres sterling, déposées à Caen, chez le banquier Nourrit, pour être comptées au vicomte d’Aché sur ses réquisitions et contre ses reçus. En moins d’une année, ces maigres ressources avaient été épuisées pour les besoins personnels des conjurés, sans profit pour la cause. D’Aché s’était empressé d’écrire à Londres en vue d’obtenir de nouveaux envois d’argent. Ses demandes étaient restées sans réponse.


II

Tandis qu’on le cherchait à Paris, pour la forme et sans espérance de le saisir, il résidait en Normandie.