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Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/297

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L’AGENCE DE JERSEY

I

Au commencement de 1806, c’est par la voie de Jersey que les émigrés réfugiés en Angleterre communiquaient avec les royalistes de Normandie et de Bretagne. Dans cette petite île, qui n’est qu’à quelques lieues des côtes de France, résidaient d’anciens chouans échappés, pour la plupart, en 1800 à la machine infernale, en 1804, après la conspiration de Georges, aux poursuites de la police. Ils y vivaient, les regards tournés vers la patrie, guettant une occasion propre pour y rentrer, objet des faveurs et des bontés du gouverneur de l’île, Philippe de La Tour d’Auvergne, fils naturel légitimé de Charles de La Tour d’Auvergne, prince de Bouillon. Né à Jersey, par conséquent sujet anglais, le capitaine d’Auvergne, comme on l’appelait, avait servi d’abord sur la flotte britannique. Nommé ensuite au commandement de l’île, il y était devenu l’agent le plus actif des Bourbons. C’est à lui que le comte de Puisaye, représentant de ceux-ci en Angleterre, adressait les correspondances destinées à la France et s’en remettait du soin de les y faire parvenir.

Le prince de Bouillon employait à ces missions périlleuses