courts, laineux et frisés comme une toison de brebis noire, et une vieille crinoline rouge sans rien dessus… C’est ainsi que m’apparut pour la première fois ma voisine Coucou-Blanc, la Coucou-Blanc de mes rêves, la sœur de Mimi Pinson et de Bernerette… Ô province romanesque, que ceci te serve de leçon !…
— Eh bien, me dit Jacques en me voyant rentrer, eh bien, comment la trouves… Il n’acheva pas sa phrase et devant ma mine déconfite, partit d’un immense éclat de rire. J’eus le bon esprit de faire comme lui, et nous voilà riant de toutes nos forces l’un en face de l’autre sans pouvoir parler. À ce moment, par la porte entrebâillée, une grosse tête noire se glissa dans la chambre et disparut presque aussitôt en nous criant : « Blancs moquer Nègre, pas joli. » Vous pensez si nous rîmes de plus belle…
Quand notre gaieté fut un peu calmée, Jacques m’apprit que la Négresse Coucou-Blanc était au service de la dame du premier ; dans la maison, on l’accusait d’être un peu sorcière : à preuve, le fer à cheval, symbole du culte Vaudoux, qui pendait au-dessus de sa paillasse. On disait aussi que tous les soirs, quand sa maîtresse était sortie, Coucou-Blanc s’enfermait dans sa mansarde, buvait de l’eau-de-vie jusqu’à tomber ivre morte, et chantait des chansons nègres une partie de la nuit. Ceci m’expliquait tous les bruits mystérieux qui venaient de chez ma voisine : la bouteille débouchée, la chute