Page:Daudet - Le Petit Chose, 1868.djvu/298

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faire entendre ainsi que quelques autres de ses élèves.

« Voilà ma tragédienne ravie… Comme on n’a pas de théâtre sous la main, on convient de changer en salle de spectacle l’atelier d’un de ces messieurs, et d’envoyer des invitations à tous les directeurs de théâtres de Paris… Quant à la pièce de début, après avoir longtemps discuté, on se décide pour Athalie… De toutes les pièces du répertoire, c’était celle que les élèves du bossu savaient le mieux. On n’avait besoin pour la mettre sur pied que de quelques raccords et répétitions d’ensemble. Va donc pour Athalie… Comme Irma Borel était trop grande dame pour se déranger, les répétitions se firent chez elle. Chaque jour, le bossu amenait ses élèves, quatre ou cinq grandes filles maigres, solennelles, drapées dans des cachemires français à treize francs cinquante, et trois ou quatre pauvres diables avec des habits de papier noirci et des têtes de naufragés… On répétait tout le jour, excepté de huit à dix ; car malgré les apprêts de la représentation, les mystérieuses sorties n’avaient pas cessé. Irma, le bossu, les élèves, tout le monde travaillait avec rage. Pendant deux jours on oublia de donner à manger au kakatoës. Quant au jeune Dani-Dan, on ne s’occupait plus de lui… En somme, tout allait bien ; l’atelier était paré, le théâtre construit, les costumes prêts, les invitations faites. Voilà que trois ou quatre jours avant la représentation, le jeune Eliacin, — une fillette de dix ans, la nièce du bossu, — tombe malade… Comment faire ? Où