Page:Daudet - Le Petit Chose, 1868.djvu/347

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de Madame Eyssette ; c’étaient nos grands événements. Madame Eyssette continuait à vivre chez l’oncle Baptiste ; M. Eyssette voyageait toujours pour la Compagnie vinicole. Les affaires n’allaient pas trop mal. Les dettes de Lyon étaient aux trois quarts payées. Dans un an ou deux tout serait réglé, et on pourrait songer à se remettre tous ensemble…

Moi, j’étais d’avis, en attendant, de faire venir madame Eyssette à l’hôtel Pilois avec nous, mais Jacques ne voulait pas : « Non ! pas encore, disait-il d’un air singulier, pas encore… Attendons ! » Et cette réponse, toujours la même, me brisait le cœur. Je me disais : « Il se méfie de moi… Il a peur que je fasse encore quelque folie quand madame Eyssette sera ici… C’est pour cela qu’il veut attendre encore… » Je me trompais… Ce n’était pas pour cela que Jacques disait : « Attendons ! »