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Page:Daudet - Lettres de mon moulin.djvu/27

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LA DILIGENCE DE BEAUCAIRE.

— Viédase ! Le camarade n’est pas à plaindre d’avoir une femme comme celle-là… Pas moyen de s’ennuyer un moment avec elle… Pensez donc ! une belle qui se fait enlever tous les six mois, elle a toujours quelque chose à vous raconter quand elle revient… C’est égal, c’est un drôle de petit ménage… Figurez-vous, monsieur, qu’ils n’étaient pas mariés depuis un an, paf ! voilà la femme qui part en Espagne avec un marchand de chocolat.

Le mari reste seul chez lui à pleurer et à boire… Il était comme fou. Au bout de quelque temps, la belle est revenue dans le pays, habillée en Espagnole, avec un petit tambour à grelots. Nous lui disions tous :

— Cache-toi ; il va te tuer.

« Ah ! ben oui ; la tuer… Ils se sont remis ensemble bien tranquillement, et elle lui a appris à jouer du tambour de basque.

Il y eut une nouvelle explosion de rires. Dans son coin, sans lever la tête, le rémouleur murmura encore :