Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/245

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II

Hommes et bêtes, tout le village, à cette heure, était dans les champs. Où ? dans quels champs ? sans doute entre ces plis du terrain où les troupeaux couchés tiennent de loin la place d’un sillon, les hommes, au repos, celle d’une ornière ; car il n’avait vu en venant, par toute la plaine embrasée et déserte, qu’un immense battement de lumière. Après quelques ruelles blanches et silencieuses, aux maisons basses, au cailloutis inégal, où la chaleur mêlée à des relents d’étable et de basse-cour tombait plus lourde qu’en rase campagne, tout à coup il se trouva devant l’église, une vieille église trapue, avec son portail roman drapé de tentures noires aux mêmes lettres d’argent L. F. qu’il venait de voir sur la maison du notaire. Une croix de pierre, entourée d’un quinconce de