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ROSE ET NINETTE

depuis des mois, avait acquise en même temps qu’une autorité sans contrôle.

« Le divorce lui va bigrement bien… » pensa de Fagan, et tout de suite il attaqua, très résolu :

« Pourquoi ne m’avoir pas prévenu de ce mariage ?… Nous en étions convenus, cependant. »

Elle accentua son joli sourire fourbe d’autrefois, son regard en coin sous la paupière entrelevée, comme les « espions » des croisées de Berne… Mon Dieu ! rien n’était décidé… elle hésitait encore… Croyait-il cela raisonnable ?…

« Vous me connaissez, mon petit Fagan, vous connaissez La Posterolle… Que me conseillez-vous ?  »

Elle parlait d’un ton de sincère amitié ; et même, marchant à côté de lui sur le trottoir de l’avenue, instinctivement elle allait lui prendre le bras. Mais d’un mouvement presque inconscient aussi Fagan s’écarta, et pour échapper à ces questions qu’il trouvait déplacées, inopportunes, il lui rappela les conditions de leur divorce : « Ne jamais quitter Paris, ne jamais emmener les enfants loin de Paris… » Les mots tremblaient de colère dans sa moustache fauve.

Elle le rassura bien vite… Ses filles, quitter Paris ! toujours pas avec leur mère, ni à l’occasion de ce mariage !… La Posterolle, maître