Page:Daudet - Tartarin sur les Alpes, 1901.djvu/115

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bout du wagon. Tous les voyageurs se sont dressés ; on croit à un tamponnement. Simplement un entrefilet du Forum que Tartarin lit à ses alpinistes… « Écoutez ça : Le bruit court que le V. P. C. A. Costecalde, à peine remis de la jaunisse qui l’alitait depuis quelques jours, va partir pour l’ascension du Mont-Blanc monter encore plus haut que Tartarin… Ah ! le bandit… il veut tuer l’effet de ma Jungfrau… Eh bien ! attends un peu, je vais te la souffler, ta montagne… Chamonix est à quelques heures de Genève, je ferai le Mont-Blanc avant lui ! En êtes-vous, mes enfants ? »

Bravida proteste. Outre ! il en a assez, des aventures. « Assez et plus qu’assez… » hurle Excourbaniès tout bas, de sa voix morte.

« Et toi, Pascalon ?… » demande doucement Tartarin.

L’élève bêle sans oser lever les yeux :

« Maî-aî-aître… » Celui-là aussi le reniait.

« C’est bien, dit le héros solennel et fâché, je partirai seul, j’aurai tout l’honneur… Zou ! rendez-moi la bannière… »


XII


l’hôtel baltet à chamonix. – ça sent l’ail ! – de l’emploi de la corde dans les courses alpestres. – shake hands ! – un élève de schopenhauer. – à la halte des grands-mulets. – « tartarin, il faut que je vous parle… »


Le clocher de Chamonix sonnait neuf heures dans un soir frissonnant de bise et de pluie froides ; toutes les rues noires