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Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/426

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frédéri.

Balthazar est allé les rendre ce matin.

vivette.

Tu as fait cela, mon Frédéri ? (Lui sautant au cou.) Oh ! que je suis heureuse… Si tu savais comme elles m’ont fait souffrir, ces lettres maudites…, quand tu me prenais contre ton cœur et que tu me disais : « Je t’aime ! » Tout le temps, je les sentais Là sous ta blouse, et cela m’empêchait de te croire.

frédéri.

Ainsi tu ne me croyais pas, et pourtant tu voulais bien devenir ma femme ?

vivette, souriant.

Cela m’empêchait de te croire ; mais cela ne m’empêchait pas de t’aimer…

frédéri.

Et maintenant si je te dis : « Je t’aime ! » est-ce que tu le croiras ?…

vivette.

Dis-le, voyons.

frédéri.

Ali ! chère femme… (Il la serre contre sa poitrine, puis tous deux étroitement enlacés, ils marchent à petits pas et disparaissent une minute derrière les hangars.)