Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/159

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— Oh ! quant à moi, dit l’Iroquois, riant toujours méchamment, tu en feras bien ce que tu voudras de cette vilaine peau d’esclave… »

À Tionnontogen, où l’on arriva dans l’après-midi du 18 octobre, l’assemblée battait son plein depuis le matin. Kiotsaeton et Le Berger avaient été d’une éloquence telle que le succès des familles du Loup et de La Tortue ne faisait plus de doute. En effet, au soleil tombant, vers les quatre heures, les anciens et les capitaines des trois bourgades des Agniers décidèrent de remettre les captifs en liberté. Le parti de la paix remportait la victoire.

Kinaetenon et Charlot, heureux du dénouement, se remirent en route, le lendemain, de grand matin. Ils partirent seuls, refusant de prendre part au festin à tout manger qui s’annonçait.

Charlot se sentait plus fort. Il ne pouvait croire au bonheur de revoir le Père Jogues, de recevoir sa bénédiction, de se confesser et de communier, grâce à sa présence au campement des Iroquois.

« Que n’es-tu chrétien, Kinaetenon ? Tu es bon, juste, tu le mériterais.

— Nous en reparlerons plus tard, mon frère.

— Bien. Cela sera possible, en effet, puisque le Père Jogues sera en liberté. Il t’instruira, te convertira lui-même… Tu verras comme il est doux, clair et savant, le Père… Que je suis heureux de le savoir hors des griffes de la famille de l’Ours… Nous veillerons bien sur lui, cet hiver, n’est-ce pas Kinaetenon ? Hé ! hé ! tu lui prêteras ton fidèle esclave, de temps